Les femmes dans la marine

Entretien avec Tabitha Van de Weyer, ancienne élève de l’Académie maritime d’Anvers, sur son rêve d’une carrière en mer, et Bert Strobbe de la Sécurité sociale pour les marins.

Les femmes sont encore sous-représentées dans le secteur maritime, puisqu’elles ne comptent que pour 2 % de la main-d’œuvre au niveau mondial selon l’Organisation internationale du Travail. En Belgique, nous faisons un peu mieux. « Des chiffres récents (2022) montrent que 3,5 % des marins employés couverts par la sécurité sociale belge sont des femmes », déclare Bert.

À l’occasion de la Journée internationale des femmes du secteur maritime, nous nous sommes entretenus avec Tabitha Van de Weyer. Ancienne élève de l’Académie maritime d’Anvers(Nouvelle fenêtre) (AMA, anciennement appelée École supérieure de navigation), elle ambitionne de poursuivre une carrière fructueuse dans le secteur maritime. « Si vous rêvez d’une carrière de marin, vous devez absolument vous lancer. Ne vous laissez pas décourager par la présence dominante des hommes. »

Formation de marin

Après avoir terminé ses études secondaires, Tabitha a choisi de s’inscrire à l’école de navigation. « Le décision n’a pas été tout de suite évidente, mais j’ai aujourd’hui la certitude d’avoir fait le bon choix pour moi. » Et Tabitha de sortir ainsi de sa zone de confort. « Je n’avais aucune expérience des navires et aucun membre de ma famille ne travaillait dans la marine, ce qui ne m’a pas empêché de suivre la formation. »

Entre-temps, Tabitha a terminé la formation de quatre ans. « Au cours de ces études, vous découvrez les différents aspects de la navigation maritime et apprenez des matières scientifiques telles que les mathématiques, la physique, les sciences nautiques, la lecture de cartes et la réglementation. Il existe également d’autres matières telles que le droit maritime, la médecine, la lutte contre les incendies et les télécommunications. Outre la partie théorique, une place est également laissée à l’application pratique des connaissances acquises. La première année, par exemple, tous les étudiants montent à bord du Dar Młodzieży pendant un mois pour se familiariser à la vie à bord d’un navire. »

La partie pratique ne se limite pas à la mer, puisque des simulateurs sont également disponibles à l’AMA pour expérimenter certaines situations. L’un d’entre eux recrée par exemple le pont d’un navire. « Nous pouvons ainsi apprendre ce qu’est la navigation dans le très fréquenté détroit du Pas-de-Calais, par exemple. En troisième et quatrième années, j’ai également appris le fonctionnement des systèmes de pétroliers, gaziers, chimiquiers à l’aide d’un simulateur. »

Si vous rêvez d’une carrière de marin, vous devez absolument vous lancer. Ne vous laissez pas décourager par la présence dominante des hommes.

Autour du monde

Durant sa première année de formation, Tabitha a été initiée à la vie à bord du Dar lors d’un voyage vers Vigo en Espagne. « Après avoir passé trois jours au port, nous avons remis le cap vers Anvers. Cette expérience inoubliable m’a donné envie d’en vivre plus. » Son aventure suivante s’est déroulée à bord du T/S Rupel, une goélette belge, qui l’a conduite au Danemark pendant trois semaines avec d’autres étudiants de la flotte étudiante d’Anvers.

« En tant qu’étudiante en master, j’ai réembarqué sur le Dar. Cette fois-ci comme coach d’un groupe d’étudiants de première année. Le voyage nous a menés à La Corogne en Espagne. J’ai accompagné mon équipe dans cette aventure. »

En juin 2022, Tabitha a obtenu son diplôme, avec la chance de signer son premier vrai contrat à bord d’un navire de Ponant, une compagnie de croisière française. « Ce croisiériste m’a engagée depuis dans le cadre de deux contrats : un de trois mois (octobre-janvier) et un de deux mois (février-avril). À bord, j’aide principalement l’officier à s’acquitter de ses tâches. Je participe également à la veille sur le pont et je fournis mon assistance dans d’autres domaines. Cette expérience m’a permis d’affiner mes compétences pratiques et d’évoluer au rang de futur officier. »

Amarinage : stage en mer

Pour travailler en tant qu'officier à bord, vous devez avoir 12 mois de navigation, que vous devez réaliser pendant ou après la formation. « Pendant sept mois, vous vous exercez sur des simulateurs et lors d’autres cours. Pendant les cinq mois restants, vous devez travailler à bord d’un navire. »

Bert Strobbe, de la Sécurité sociale pour les marins, revient sur ce point : « Le problème, c’est que les étudiants de l'AMA atteignent rarement les 12 mois de navigation pendant leurs études, ce qui les désavantage sur le marché du travail. La Sécurité sociale pour les marins (ONSS) y répond en accordant une indemnité aux étudiants qui prennent la mer pendant leurs périodes de vacances afin d'obtenir les cinq mois restants. Forts de cet investissement pour leur avenir, ils seront bien armés lorsqu'ils entreront sur le marché du travail. » Informée de cette disposition, Tabitha nous répond qu'elle n'en a jamais entendu parler auparavant. « De nombreux étudiants ne connaissent pas le concept d'"amarinage" et n’introduisent donc pas de demande auprès de la Sécurité sociale pour les marins(Nouvelle fenêtre). Avec une communication plus soutenue sur ce qu’est exactement l’amarinage et les subventions qui lui sont liées, les étudiants y auraient davantage recours. C'est le job de vacances idéal. »

Selon Bert Strobbe, l’"amarinage" est une mesure qui s'applique à tous les élèves de l’Académie maritime d’Anvers, quelle que soit leur nationalité. « Actuellement, la Sécurité sociale pour les marins s'entretient avec des partenaires du secteur maritime pour voir comment nous pouvons mieux diffuser l'information sur l'amarinage auprès des étudiants. »

Au cours de l’été 2022, Tabitha a participé aux Tall ships race 2022 (compétition de grands voiliers)(Nouvelle fenêtre) avec sa sœur. À bord du Morgenster, un voilier néerlandais, elle a navigué jusqu’Aalborg, au Danemark. « Cette expérience n’a pas été comptabilisée comme temps de navigation, mais c’était une occasion unique de participer à une compétition avec de vieux voiliers du monde entier ! »

Perspectives de carrière dans le secteur maritime

À l’issue de la formation, plusieurs possibilités de carrière sont offertes : à bord d’un navire ou sur la terre ferme.

« J’aimerais travailler en mer. Toutefois, si vous préférez rester à terre, vous pourrez alors, par exemple, effectuer des inspections sur les navires ou occuper le poste de capitaine de port. »

C’était une occasion unique de participer à une compétition avec de vieux voiliers du monde entier !

Si, en revanche, vous décidez de travailler à bord d’un navire comme Tabitha, vous pourrez alors embarquer sur de nombreux navires : des dragues, des porte-conteneurs, des bateaux de croisière mais aussi des pétroliers et des câbliers.

Bref, avec un diplôme de marin, la mer ouvre un bel horizon de carrières.

Les femmes dans le secteur maritime

Le secteur maritime est encore majoritairement masculin, comme indiqué dans l’introduction. Toutefois, de plus en plus de femmes se montrent intéressées : elles représentent d’ailleurs environ 15 % des effectifs en formation à l'Académie maritime d'Anvers.

« Ce que j’aimerais transmettre aux femmes qui envisagent de faire des études ou de travailler dans le monde maritime, c’est que le secteur demande des personnes bien formées à différents postes, indépendamment du genre. Il offre de nombreuses possibilités d’évolution et de développement personnel. De plus, travailler en mer permet de voir le monde et de découvrir de nouvelles cultures. Si elles ont l’esprit d'aventure et aiment les défis, le secteur maritime est donc fait pour elles !

Nous souhaitons un avenir radieux à Tabitha dans la poursuite de son rêve !

• Sécurité Sociale d’Outre-Mer : En Belgique, l’Office national de sécurité sociale (ONSS) est responsable de la sécurité sociale des marins.
  Les marins ont droit aux mêmes prestations de sécurité sociale que les autres travailleurs, mais ils sont soumis à des règles et procédures spécifiques en raison de la nature de leur travail.
  Plus d'information à ce sujet sur le site de la sécurité sociale pour marins du Portail de la sécurité sociale(Nouvelle fenêtre).
• Vous allez naviguer sous pavillon étranger (pavillon n’appartenant pas à l’Espace économique européen, à la Suisse ou au Royaume-Uni) ? Dans ce cas, vous pouvez vous affilier à la Sécurité Sociale d’Outre-Mer. Votre sécurité sociale reste ainsi garantie.
  Pour toute question, rendez-vous sur la : page Contact du site de la Sécurité Sociale d’Outre-Mer.

• Amarinage : Les étudiants maritimes peuvent être engagés à bord de navires pour faire un voyage d’amarinage. Au cours de cette période à bord d’un navire de mer, les étudiants se familiarisent tant avec les adaptations physiques et mentales qu’au mode de vie et aux conditions de travail sur un navire, telles que l’espace limité, les longues périodes d’isolement, les horaires de travail irréguliers et les conditions météorologiques changeantes. C’est en quelque sorte la période de stage des étudiants maritimes, pour laquelle ces étudiants reçoivent une indemnité. Le job de vacances idéal pour les marins en herbe !
  Plus d'information à ce sujet sur la page relative à l’amarinage du site de la sécurité sociale pour marins du Portail de la sécurité sociale(Nouvelle fenêtre).