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S’installer et travailler à l’étranger est une aventure passionnante qui changera sans aucun doute votre vie. Une aventure, aussi, qui mettra votre santé mentale à rude épreuve. Les expatriés et leurs familles qui comprennent ces défis sont plus aptes à gérer les émotions et les tensions complexes associées à une vie dans une nouvelle culture.

Les experts et expertes auxquels nous donnons la parole ci-dessous nous parlent de ces défis sur la base de leurs connaissances professionnelles et de leurs expériences personnelles.

Identité multilingue

Ce balancement entre deux cultures s’accompagne d’un autre défi : le multilinguisme. Pour les enfants d’expatriés, le fait de grandir en utilisant des langues différentes dans des situations différentes peut conduire à développer une identité multilingue. Sonia Schreiber, psychologue clinicienne, nous explique par exemple que si le français était la langue véhiculaire à la maison lorsqu’elle vivait en Corée avec sa famille, les enfants répondaient en anglais. « Comme mes enfants ont appris très tôt à jongler avec différentes langues, ils ont pu développer une identité multilingue, même si les compétences linguistiques ne se sont pas révélées être leur point fort à long terme », analyse-t-elle.

Bien que le multilinguisme soit une compétence précieuse, les barrières linguistiques et l’absence d’identité linguistique forte peuvent susciter un sentiment d’insécurité ou de perte de contrôle, en particulier chez les enfants qui changent souvent de pays. Ceux-ci peuvent nourrir le sentiment que le changement est une constante et qu’ils ne peuvent rien y faire.

« Par conséquent, il est important, en premier lieu, d’encourager la langue dans laquelle les enfants se sentent le plus à l’aise, sans les obliger à parler une langue spécifique. Il convient par ailleurs de tenir compte de leurs besoins individuels et de leurs niveaux de confort. C’est en créant un environnement favorable et positif qu’on permettra aux enfants d’expatriés de développer leurs compétences multilingues et de construire leur identité unique. »

Le défi de l’identité linguistique a été relégué au second plan à mesure que les enfants de Sonia ont gagné en résilience grâce à l’expérience vécue.

Choc culturel et isolement social

S’installer dans un nouveau pays implique souvent de se constituer un nouveau réseau social. « Et pour certaines personnes, cela s’avère difficile. Je conseille dès lors toujours à mes clients de se créer une routine. Par exemple, achetez votre pain à la même boulangerie chaque semaine. Cela vous apportera une base, à laquelle vous raccrocher », embraie Cristina Ana, psychologue clinicienne roumaine. « Essayez de chercher activement des moyens de vous intégrer, par exemple en prenant des cours de langue. »

Lisa Tranchellini, une psychologue clinicienne italienne qui possède une riche expérience en tant qu’expatriée, acquiesce. Elle souligne en outre que l’absence de réseau de soutien peut amplifier les sentiments de dépression et d’anxiété. En particulier lorsque les différences culturelles et les barrières linguistiques compliquent l’établissement de nouveaux contacts.

Lotta De Coster est psychologue clinicienne belge et docteure en psychologie du développement. Pour avoir également vécu comme expatriée au Canada, elle reconnaît que l’absence de système de soutien social est un facteur de risque important pour la santé mentale. Plus encore que le processus d’adaptation culturelle qui accompagne l’installation dans un nouvel endroit avec notamment la nécessité de s’adapter aux différences de langue, de climat, d’alimentation, de communication, de travail, d’école, d’éducation, de transports publics et de soins de santé.

Associées à l’isolement social (accentué pendant la pandémie), l’appartenance à et la vie dans deux mondes différents peut créer un sentiment de solitude, de manque et de deuil. Il augmente par ailleurs le risque d’intériorisation des problèmes de santé mentale sous la forme de stress chronique, d’anxiété, de sentiment de vide et de dépression.

« Pour éviter l’isolement et les problèmes de santé mentale qui y sont associés, il est utile pour les expatriés de s’ouvrir à de nouvelles connaissances et à de nouveaux amis (locaux ou expatriés). De participer à des événements locaux ou d’y faire du bénévolat, et de rechercher activement des activités qui favorisent les relations quotidiennes, le lien affectif et l’intégration sociale. Ils comprendront mieux l’endroit où ils se trouvent et se sentiront plus proches de leurs habitants. »

Bien que gourmands en temps, énergie et patience, ces efforts pour établir des liens en valent la peine, car ils protègent contre les problèmes de santé mentale, rendant l’expérience de l’expatriation plus enrichissante.

Bien entendu, tout ne dépend pas que de vous. Le soutien de votre employeur sera un autre facteur essentiel à la réussite de votre expatriation. Un soutien qui, souvent, pourra être plus important que vous ne pourriez le penser de prime abord. « Les employeurs jouent un rôle important dans le soutien de la santé mentale des expatriés », souligne Cristina. « Ils peuvent mettre en place des trajets d’accompagnement ou mettre à disposition une aide professionnelle. Votre employeur a tout intérêt lui aussi à ce que vous soyez bien dans votre tête, car la santé mentale est un facteur qui influe directement sur les prestations des travailleurs. »

Prendre soin de soi et rechercher du soutien

Une aventure d’expatriation est riche en petits et grands défis. Gérer le stress, s’adapter à une nouvelle culture et à un nouveau mode de vie, maintenir des relations solides avec ses proches et cultiver de nouvelles amitiés et perspectives exigent à la fois connaissance de soi et capacité à prendre soin de soi. Il est toutefois important que vous sachiez que vous n’êtes pas Aussi n’hésitez pas à chercher du soutien dans votre nouvel environnement.

En résumé, s’installer et travailler à l’étranger est une aventure passionnante et très personnelle dont résilience et développement sont des ingrédients essentiels. Nous laisserons le mot de la fin aux psychologues, pour qui la vie d’expatrié ou expatriée consiste à faire face à des défis, s’adapter à de nouvelles cultures et à de nouveaux environnements et découvrir des opportunités de grandir et de se développer en tant qu’individu, tout en faisant montre de tolérance envers soi-même.

*Nous nous sommes entretenus avec les psychologues cliniciens-psychothérapeutes suivants, qui travaillent chez Psygroup :

  • Mojca Filipic Sterle
  • Cristina Ana
  • Lisa Tranchellini
  • Sonia Schreiber
  • Lotta De Coster
  • Patrick Engelhardt

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